Une plaine fertile
Nous nous trouvons dans une plaine très fertile, celle du Rhin, coincée entre deux chaînes de montagnes, les Vosges [die Vogesen, pl. ] à l’ouest et la Forêt-Noire [der Schwarzwald] à l’est. Ce couloir fait tout de même une bonne largeur de 50-60 km entre ces deux chaînes de montagnes. La plaine du Rhin s’étend sur 150 km, voire même 350 km si on prolonge au-delà vers le nord, c’est-à-dire vers le Palatinat [die Pfalz, fém.]. Toute cette région s’appelle le Rhin supérieur [der Oberrhein]. Les eaux du Rhin sont navigables et arrosent les cultures, surtout grâce à ses différents affluents.
Ce qu’il faut savoir sur ce grand fleuve, c’est qu’il est source de légendes lui-même. Sur ses deux rives, le Rhin était très sauvage jusqu’au 18e – 19e siècle. Il n’avait pas son lit propre, mais comportait en bien des endroits une multitude de bras, qui selon les moments de l’année étaient plus ou moins remplis et qui pouvaient changer de taille d’année en année.
Ainsi les différents bras du Rhin arrosaient les champs et déjà aux temps anciens, on y installait souvent des « décharges » qui se remplissaient pendant les crues. Une fois par an environ, la rivière emportait tout avec elle. Louis XIV fit aménager le Rhin sur certaines longueurs mais c’est seulement à partir du début du 19e siècle que le cours du Rhin et de certains de ces affluents furent corrigés [begradigt]. Le chemin navigable fut ainsi raccourci de 80 km environ.
Non, il n'a pas gelé à pierre fendre !
C’est l’occasion rêvée ici de casser un mythe. Souvent, on raconte que les Alamans ont ponctuellement envahi la Gaule romaine parce que le Rhin avait gelé. On s’imagine donc qu’il faisait un froid sibérien et que les Alamans ont bravé un fleuve du genre Berezina sur plusieurs centaines de mètres. Et donc vu que le Rhin ne gèle plus, c’est bien la preuve qu’il y a réchauffement climatique.
Toutefois, honnêtement, même si le réchauffement climatique est bien avéré, ce n’est pas une preuve pour autant. Car le Rhin n’était donc pas ce large fleuve bien tracé comme maintenant. Les Alamans sont passés plutôt dans une sorte de marécage pas très profond, au débit lent, et donc qui gelait très facilement. Pour avoir une idée de ce paysage, il est encore possible de chaque côté du Rhin de faire des tours dans ce qu’on appelle le Ried, ou la Camargue alsacienne, avec des ballades en barque, en canoë ou à pied. Mais attention aux moustiques !
Le grand fleuve de la plaine du Rhin
Vous n’allez pas me croire, mais pour les Allemands, le Rhin est LE fleuve. On l’appelle le « Père Rhin » [Vater Rhein]. C’est sur le Rhin que se situent toutes les sagas allemandes : Siegfried et les Nibelungen, l’or du Rhin [das Rheingold], la Loreley… Mais tout cela, c’est bien plus au nord. Quoique l’on trouve de l’or dans le Rhin aussi du côté de Fribourg. Avis aux amateurs !
Dans la plaine du Rhin, le climat y est doux et tout y pousse. Surtout des arbres fruitiers mais également des céréales ainsi que la vigne. En fait, il faut l’avouer, en grande partie, ces plantes furent bien souvent importées par les Romains. Bien évidemment, les gens qui venaient s’installer ici profitaient également de la dense forêt. Certes, on trouvait de la forêt sur les contreforts des montagnes. Mais la plaine du Rhin, notamment côté alsacien, possédait une longue forêt sur les bords du Rhin et que l’on appelle encore, aussi bien à Strasbourg qu’à Mulhouse, la forêt de la Hardt. On utilisait le bois pour les constructions, pour le feu, c’est-à-dire pour la vie de tous les jours et il avait une grande valeur commerciale. Ce qui est encore vrai de nos jours.